1962 Alfred Hitchcock réalise son film « Les Oiseaux ». Pure fiction où l’on voit des hordes de corvidés semer la terreur sur toute une population.
Eté 2020, la réalité rejoint la fiction avec cette fois, des nuées de frelons qui envahissent villes et campagnes. Chaque jour les services d’urgences du CHRO accueillent des patients piqués par Vespa Velutina ou bien même Vespa Crabro.
Et pour nos abeilles ?
La saison avait pourtant bien commencé. Dès début mai, les médias parlaient d’année apicole du siècle. Il faut croire que le bon sens et la référence au temps fait aujourd’hui défaut chez quelques apiculteurs qui, toute proportion gardée, annoncèrent des récoltes en miel comparable aux rendements en blé des meilleurs céréaliers.
Après les abondantes floraisons du printemps vint le temps de la disette. Le vent calé au Nord pendant 3 mois n’était guère propice à la montée du nectar. Puis la canicule, la sécheresse et le desséchement de toutes les sources de butinage ne permettaient pas à nos colonies de se développer avec la dynamique requise.
Pendant ce temps, les frelons prenaient possession du terrain. Un hiver exceptionnellement doux et des conditions climatiques estivales permirent le développement des colonies de frelons, qu’ils soient asiatiques (les plus nombreux) ou européens, comme nous ne l’avions jamais vu. Nos ruches subissaient les attaquent impressionnantes de Vespas. Très vite, il a fallu tripler les pièges mais cela n’y faisait rien.
A l’image des Danaïdes de la mythologie grecque condamnées à remplir un tonneau sans fond, nous autres apiculteurs étions condamnés à vider chaque jour des pièges éternellement pleins.
Nos avettes stressées ne travaillaient plus et les essaims de l’année rendaient l’âme sous les assauts d’escadrilles bourdonnantes. A l’heure où j’écris ces quelques lignes, il fait très doux, novembre est bien entamé et chose incroyable, les frelons asiatiques rodent toujours.
Doit-on accuser le dérèglement climatique ou la raréfaction des insectes en général ce qui expliquerait un repli exclusif des frelons sur les ruches. Toujours est-il, que face à ce problème, nous ne devons pas baisser les bras, alerter les pouvoirs publics, piéger, piéger et toujours piéger notamment en cette période où nous prenons de futures femelles fondatrices.
L’apiculteur par nature est observateur et inventif, échangeons nos expériences et mobilisons-nous avant que ce problème ne devienne un fléau.